COMPOTES ET BIODIVERSITÉ
ANALYSE 4
ANALYSE 4
COMPOTES ET BIODIVERSITÉ : Stratégies d'offre
Vous n’imaginez pas ce que j’ai découvert en m’intéressant au bio.
Une disparité incroyable dans les stratégies des enseignes, et des corrélations parfois très fortes, parfois nulles, entre les déterminants de l’offre et les parts de marché. Et des pistes assez simples pour développer les volumes du bio d’une part, et la masse de marge des enseignes, d’autre part.
Ma recherche sur le bio va porter sur les compotes, et nous allons analyser, vous connaissez le principe, le soutien des enseignes dans le développement de cette catégorie.
Alors je m’intéresse aux compotes bio pour les raisons suivantes :
1/ D’abord parce que lorsque j’ai décidé il y a quelques semaines d’ouvrir une recherche sur le bio, Emily de Circana m’a dit « intéresse toi aux compotes » ; J’ai bien sûr dit « oui » à la maîtresse.
2/ Parce que les compotes conventionnelles, c’est pas toujours génial-génial pour la santé des clients. Je vous donne quelques chiffres : En France, plus de la moitié des fruits et légumes issus de l’agriculture intensive sont contaminés par des pesticides suspectés d’être cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou perturbateurs endocriniens.
Pour les pommes, c’est 80%, ce qui s’explique tout simplement par le fait que les pommes non bio reçoivent en moyenne plus de 35 traitements par an : 22 fongicides, 9 insecticides, 2 herbicides et 2 régulateurs de croissance.
Cette étude de l’UFC-Que Choisir montre en effet que les aliments bio sont beaucoup moins contaminés, en raison de l’interdiction des pesticides de synthèse.
Dans ce registre, nos amis américains ont mené une étude assez intéressante, même sur un échantillon un peu court à mon goût. En effet, et c’est ce que vous voyez à l’écran, en seulement une semaine, les foyers ayant basculé vers une alimentation bio ont vu les produits chimiques détectés dans leurs organismes baisser en moyenne de 60%, avec une fourchette allant de 37 % à 95 % selon le composé. C’est assez stupéfiant.
Et puis, quand on regarde sur la durée, ce qu’ont fait nos amis allemands en 2024, on voit que les choses ne s’améliorent pas et que l’aggravation tend à s’accélérer quant au nombre de substances nocives détectées dans des fruits frais issus de l’agriculture conventionnelle. C’est ce que vous voyez sur ce graphique.
3/ Troisième raison pour laquelle je m’intéresse aux compotes bio : Au-delà d’être bien plus respectueuse de la santé des gens, l’agriculture bio (et c’est aussi le cas pour l’agriculture regénératrice) est bien plus respectueuse de la nature, de la fertilité des sols, et de la qualité de tous les éco-systèmes, terrestres et marins. Simplement parce que ces modes de production nécessitent moins d’intrants et moins de chimie.
4/ Et puis, plus globalement, les compotes bio constituent une très bonne illustration de ce qui s’est passé ces dernières années sur le marché des produits bio en GMS, et donc sur le soutien des enseignes au développement de cette offre « durable » ;
Mais, d’après Circana, les parts de marché volume des compotes bio baissent. C’est ce que vous voyez à l’écran où la part de marché volume est passée de 11 à 9% en 5 ans, en étant passé par un point haut à 12% en 2022.
Sachez que, pour construire notre recherche, nous avons analysé ce qui s’est passé sur le marché appertisé, c’est-à-dire que nous n’avons considéré ni les produits vendus au rayon frais ni ce qui se passait au rayon des produits infantiles.
Alors, quand on dit part de marché à 9%, c’est une moyenne. Qui est, vous le savez, la forme la plus élaborée du mensonge, puisqu’une enseigne dépasse les 20% alors qu’une autre se traîne à 6% ; Il y a donc une très forte dispersion. Si je retire l’enseigne G, assez spécifique, le rapport entre les extrêmes est quand même supérieur à 2, ce qui est beaucoup.
Alors nous allons essayer de comprendre cette disparité entre enseignes, en analysant quelques causales.
Notre première recherche va porter sur l’analyse des parts d’offre consacrée à cette famille, et la possible corrélation avec les volumes. Regardons ce qui s’est passé entre 2020 et 2025. C’est le tableau qui apparaît ici à l’écran. Et bien, ça swingue pas mal : les stratégies des enseignes sont loin d’être homogènes en valeur absolue, même si la tendance de contraction de l’offre, en relatif, se retrouve à peu près partout.
Évidemment, la question que nous nous posons maintenant, c’est l’impact de cette contraction de l’offre sur les volumes. Je vous présente donc maintenant à l’écran les droites de régression sur les années 2024 (à gauche) et 2025 (à droite). J’ai placé en abscisse les parts d’offre du bio vs la catégorie, et en ordonnée, la part de marché des compotes bio. Et vous voyez un R2 nettement supérieur à 50%. Nous établissons donc, sans doute possible, la corrélation entre la part d’offre et les volumes. Et quand le marché du bio s’est retourné dans les années 2022-2023, les enseignes ont tiré le tapis sous les pieds du bio. C’est-à-dire qu’elles ont réduit la part d’offre du bio sur ce marché des compotes, accélérant la chute des volumes et des parts de marché.
Alors, en conclusion, si toutes les enseignes mettaient à la vente sensiblement plus de références bio, sur les compotes comme partout ailleurs dans leurs magasins, elles contribueraient à un monde plus durable, en améliorant de façon évidente la santé de leurs clients et de la nature, c’est-à-dire de nos sols, de nos océans et de nos écosystèmes.
Et je ne pense pas que la masse de marge de la catégorie en serait affectée puisque, vous le savez, ces références sont plutôt bien margées. C’est important aussi de se le dire.
Voila. J’espère que vous avez appris des choses, que cela vous fera réfléchir ou que cela vous mettra en action pour développer la part d’offre du bio, dans un maximum de catégories. Dans quelques jours, je vous parlerai de l’influence du prix, toujours sur cette catégorie des compotes bio.